C’est dès 1862, dans la région de Veracruz, que l’on trouve pour la première fois une étrange tête colossale en basalte, à moitié enfoui dans le sol. La découverte passe inaperçue même si on ne manque pas d’être surpris par la monumentalité de cet énigmatique visage dépourvu de corps.
Il faudra attendre 1925 et la découverte du site de la Venta dans l’État de Tabasco pour que se soit révélée l’existence, non seulement de plusieurs autres têtes monumentales, mais aussi de tout un matériel archéologique allant d’autels sculptés en pierre à des pièces de jade ou de serpentine finement travaillées. Qui sont les gens qui ont réalisé ces œuvres surprenantes n’ayant aucune comparaison avec le matériel archéologique de l’époque ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est aux Mayas qu’on attribut le site de la Venta et il faudra attendre encore un peu avant que finalement les archéologues admettent qu’ils sont confrontés à une toute nouvelle culture qui, de plus est, est bien antérieure à la culture maya puisqu’elle sera datée de 1300 av. J-C à 500/400 av. J-C.
Nait alors l « ’Olmecologie » et son lot de questionnements qui perdure encore de nos jours. Le nom même donnée a cette culture pose problème. Marshall de Saville, opte pour le terme « olmeca » un nom nahuatl utilisé par les Aztèques pour designer littéralement « les gens du pays du caoutchouc » à savoir les habitants de la côte du golfe du Mexique. Or, rien ne prouve que les habitants de la cote du golfe aient été les mêmes que ceux qui ont construits les sites de la Venta, San Lorenzo ou Tres Zapotes. Cette confusion entre les Olmèques archéologiques et les Olmèques historiques demeure encore de nos jours et ne fait que rendre plus confuses les analyses liées à cette culture.
Les Olmèques sont désignés comme étant la « culture mère » de la Mésoamérique qui aurait diffusée ses caractéristiques culturelles et artistiques a l’ensemble du territoire. De ce fait, ils restent aussi très attachés aux basses terres tropicales desquelles on pense qu’ils sont issus. C’est donc une hypothèse diffusionniste à partir d’un foyer unique qui est retenue par les scientifiques. Or, dans les années soixante-dix, Christine Nieberger, au vu de l’importance des pièces olmèques disséminées un peu partout sur le territoire mésoaméricain remet en question cette théorie et opte pour une approche plus englobante qui veut que la culture olmèque soit née de façon simultanée sur la quasi totalité de la Mésoamérique. On a des centres religieux et urbains sur la côte de Oaxaca, sur le plateau central sans parler du territoire maya.
Si le terme de culture mère peut sembler un peu discutable pour certains, il n’en demeure pas moins que l’apport des Olmèques à la Mésoamérique est considérable. C’est entre 1300 av. J-C et 500 av. J-C qu’apparaissent les premières cités et la volonté de sacraliser des territoires par le bais d’offrandes et de rituels. C’est aussi à cette époque que se mettent en place de grands réseaux d’échange commerciaux à travers le territoire mais c’est surtout l’invention de l’écriture et la création du calendrier qui seront déterminantes pour l’évolution intellectuelle des sociétés qui leur succéderont.
Les Olmèques constituent le berceau culturel de la Mésoamérique et à ce titre mérite d’être considérés avec beaucoup plus d’attention qu’ils ne l’ont été pendant des décennies. Les analyses iconographiques qui ont été menées récemment viennent confirmer la vision pan-mésoaméricaine de C. Niederberger et c’est au regard des connaissances des cultures plus tardives que l’on peut analyser les messages et les concepts culturels sculptés dans la pierre que nous ont légués ce mystérieux peuple.